Biographie de Colette Gourvitch : Je suis née à Valence dans la Drôme en 1958
Quelques anecdotes déterminantes…
* Le passage chez le photographe de quartier, en habit de fourmi, avant la fête de fin d’année m’a laissé des sensations étranges… Le photographe me « fait prendre une pose » minutieusement… en semblant de mouvement, Il a quand même réussi à me faire rire… Pour cette journée, heureuse et confiante… S’habiller des vêtements de fourmi que ma mère avait fabriqués, aller chez le coiffeur pour poser postiche et antennes et, le ventre noué sans doute, réciter La cigale et la fourmi. Je ne me rappelle pas de la cigale…!
* Chez mes grand parents, je réclamais les albums photo et les reproductions des peintures de Kandinsky. J’ai rêvé, des heures durant, passant d’une image à l’autre… Les traces de vie qu’offraient les photographies des albums, m’ont toujours fascinée.
* Une blague circulait dans la famille : « Mon grand-père photographiait sa femme, ma grand-mère… au bord de l’océan. Il a pris tellement de temps pour faire les réglages, que, lorsqu’il a appuyé sur le déclencheur, finalement, l’océan était à marée basse… »
* Ma grand mère m’a offert ma première montre, j’avais le droit de la porter uniquement le dimanche. Toute la semaine, le temps était enfermé dans l’armoire… Aussi tôt que je le pouvais, je me réveillais et insistais auprès de mon père pour qu’il ouvre l’armoire, fermée à clé, me restituant cet objet qui m’appartenait et me reliait au temps. Souvent, Je passais la journée à regarder l’heure, fascinée par les aiguilles qui tournaient, un peu angoissée, car il arrivait un moment où ces aiguilles marquaient l’heure où je devais rendre la montre, la remettre dans sa boite, jusqu’au dimanche suivant..
Biographie de Colette Gourvitch : commencer…
Découvrir les grands photographes… et Francis Bacon
Se demander « qu’est ce que la photographie ? » Lire, réfléchir, écouter…
Aimer Rodin, puis Zadkine et Bourdelle, s’interroger sur la relation de la photographie avec les peintres, les sculpteurs, les musiciens, les écrivains et les poètes…
Découvrir les futuristes, les constructivistes, Duchamp, les surréalistes et leurs façons de jouer avec les images…
Lire et relire Kandinsky, pour comprendre quelque chose sur l’espace… Aller du côté du Bauhaus…
Penser à Pierre Molinier, à Diane Arbus, à Echagüe, à Eugène Smith et aux photographes de guerre, aux expériences extrêmes. Chercher du côté de l’Europe de l’est et du nord, et des États-Unis, Stieglitz…Weston, Steichen, Weegee, Mapplethorpe, et tomber en arrêt devant un tirage original de Walker Evans.
Chercher du côté des femmes photographes… Imaginer Julia Margaret Cameron aménageant sa réserve à charbon en chambre noire… Aller au colloque sur Claude Cahun… Lire les lettres de Tina Modotti à Weston, et grogner que le Daybooks of Edward Weston ne soit pas traduit en français. Me consoler avec le Journal mexicain.
Vouloir tout connaître des mises en jeu de la photographie, des avant-gardes, génération après génération, courant après courant. Et s’intéresser à la photographie du 19ème, aux origines, aux pionniers, aux divers procédés.
Être littéralement bouleversée par la lumière, les nuances de gammes de gris et la délicatesse des photographies de Josef Sudek, par l’histoire de l’homme qui faisait de la photographie avec un seul bras… Mettre de l’argent de côté pour m’offrir Le livre de Sudek… Vouloir aller à Prague.
Arpenter les photographies, la vie des photographes… Tous m’ont appris à regarder, à penser l’image, à comprendre qu’en photographie, s’inscrit un rapport personnel au réel, dans un lien qui s’approfondit avec la lumière, l’espace, la forme, les lignes, et la matière de l’émulsion qui permet le déploiement de ce qui se trouve dans le cadre.
Approcher la lumière, son histoire, ses caractéristiques, faire des expériences de regard : M’asseoir au bord de la Loire, et observer cinq heures durant, sans bouger, le travail de la lumière avec l’eau et sur l’autre rive… Regarder les plus petits effets de la lumière jusqu’au noir de la nuit.
Biographie de Colette Gourvitch : Création : comme un endroit sans nom qui prend forme.
Je poursuis l’idée que « chaque regardeur » voit et entend ce qui se joue dans la présence de l’image.
Les images se sont constituées au fil des années. C’est comme un endroit sans nom qui prend forme. La lumière et son extension dans la matière des gammes de gris, du blanc au noir sont mes obsessions. Je ne touche jamais aux objets que je photographie, ce sont les Objets de l’autre, dehors moi, je les regarde et les aime comme tels. Je tente mon cadre pour faire exister ces Objets, dans une tension photographique, « faire image ». Je veux pouvoir redonner la lumière, là où elle est.
C’est périlleux et délicat de voir la lumière, la faire venir dans les sels d’argent à sa propre hauteur. Ses manières de travailler l’objet, de le distribuer et de le renouveler me fascinent.
Ce que je photographie, agit. « Là, exactement là où c’est, est en lieu et place où je le vois »
Une image est un objet en plus, je fabrique cet objet à partir de la matière sensible qui prend forme dans un papier pour l’œil, pour le solliciter, le choquer parfois, pour agrandir le monde, le déplier, l’éclaircir, le chavirer. Passer d’un état à un autre.
En moi, cet étrange état qui a domicile et capacité de me « faire voir » ou non. Regarder me donne un plaisir essentiel même si regarder fait mal, parfois. Devant ce monde où l’on doit tout discipliner et triompher de tout, je l’avoue : je ne sais presque rien de ce que je cherche, j’ai des élans, des envies de me rapprocher.
Exprimer l’amour, le désir, l’érotique des choses, le tourment de la mort.
Je choisis une forme « de classement »… par année. Je n’ai pourtant, strictement aucune envie de classer. Je veux le minimum d’étiquettes, pour permettre à chaque regardeur d’être face à l’image, en direct, « à cru ».
Quelques Traces… et quelques Rendez-vous…entre autres !
Achat d’une œuvre par le Fonds national d’Art contemporain en 1983
Centre National Georges Pompidou 1984-85 Exposition collective
« Photographie contemporaine en France » avec catalogue.
Publication – Revue Fragmentaires Les improbables demeures de l’être
Publication – Revue Canal – dossier photographies.
Arles off – Exposition collective – série des Plans.
Montpellier – « Le temps d’une pose »
Lublin en Pologne – Exposition une série de portraits.
Exposition Égypte Chambre noire – Présentation du film Souvenirs d’Orient
Carré d’Art à Nîmes. Exposition des tirages albuminés – copies de 17 photographies de Bonfils
Article Midi Libre vente des tirages albuminés des Bonfils au Musée de Tel-Haï
Exposition collective Paris.
Polaroïds « Paysages éphémères »
Exposition personnelle 32 tirages argentiques à La Toute Petite Galerie – Treffiagat
Exposition personnelle « Fugace enfance » à La Toute Petite Galerie – Treffiagat
Des Rendez vous qui m’ont marquée
Avec Claude Nori – Édouard Boubat – Jean-Claude Lemagny – Jeanne Beausoleil – Alain Sayag – Christian Gattinoni – Pierre Mercier – Jean-François Chevrier – Carol-Marc Lavrillier – Claudine et Jean-Pierre Sudre – Françoise Paviot – […]
L’expérience de la photographie du 19 ème siècle
Dans les années 1980, j’ai commencé à m’intéresser à la photographie du 19 ème, pour savoir d’où venait la photographie, pour comprendre les fondamentaux, avoir accès aux premiers procédés, pour lire les premiers écrits, et mesurer les débats entre la peinture et la photographie, pour aborder les apports de la photographie et transformations sociales. Et pour intégrer des outils de base, dans ma propre pratique : connaître la chimie photographique, la constitution des papiers, des révélateurs, etc…
Pour augmenter ce que j’avais appris et pour en savoir plus, rendez vous à Lacoste chez Jean-Pierre et Claudine Sudre, pour un stage sur les procédés du 19 ème : Papiers salés et albuminés, platinotypie, virages colorés et fabrication des chimies.
Travailler sur une collection est toujours exceptionnel… J’ai eu la chance de rencontrer Lucienne Salles, fille d’ Adrien Bonfils, fils de Félix Bonfils. Ils ont photographié le Moyen-Orient de 1867 à 1888. Travail sur la collection familiale, et co-réalisation d’un film documentaire : Souvenirs d’Orient 24’ (Lire l’Article sur la Maison Bonfils)
Mener une négociation avec le musée Tel-HaÏ en Israël pour l’acquisition de deux cents tirages
La commande de 17 tirages albuminés – des copies à partir d’un album Bonfils appartenant à la Bibliothèque Séguier [Nîmes], m’a permis de faire des tirages albuminés. Sous chassis-presses à la lumière du soleil… j’ai cassé des œufs, recueilli l’albumine, préparé des feuilles de papier Opale de rives – par flottaison pour les albuminer, et pour les sensibiliser au nitrate d’argent, fabriqué les chimies et des bains de préservation à l’or. S’en est suivi une exposition au Carré d’Art quelques années après.
Biographie de Colette Gourvitch : Transmettre
À partir de 1982, pendant quelques années en collectifs, puis à partir de 1989 en individuel, la couleur du cours s’est construite au fil des années. Faire de l’Atelier un lieu « d’expériences de la photographie »
En 1984, j’ai fait admettre la construction d’un Atelier de photographie avec un laboratoire à la Maison d’arrêt des Jeunes de Fleury-Mérogis subventionné des Ministères de la Culture et de la Justice Lire la thèse de Flora Delalande / Sorbonne/ école nationale des chartes sur l’intervention d’artistes en milieu carcéral (Deuxième partie /chapître II Des interventions et des structures d’un genre nouveau ? )
À la création de l’Atelier pH. neutre en 1989, j’ai commencé à mener un cours qui impulse un travail de fond sur l’image et sur le rapport de chaque participant à la photographie. Certains s’y sont engagés pour plusieurs années. Analyse d’images, travail sur la lumière, compréhension des fondamentaux et art du tirage argentique sont les piliers de cette transmission.
En 2014, je poursuis l’ouverture de l’Atelier. Les cours de photographie continuent et je propose un nouveau cours réservé aux personnes malvoyantes et non voyantes : Les yeux de l’imaginaire – Écouter les photographies. Je raconte les chefs d’œuvres de la photographie. Découvrir les photographies par la voix. Une sorte de défi lancé à l’image et à l’imaginaire.
Les yeux de l’imaginaire
Changement de direction !
En 2017-2018, je quitte Paris et m’installe en Bretagne dans le Finistère sud, à Treffiagat-Léchiagat. Je remonte mon laboratoire et reçois quelques élèves de façon ponctuelle. Je poursuis ma quête photographique personnelle avec la lumière bretonne. Liliane – non voyante – vient désormais en stage pendant 8 jours chaque année. Je continue à lui raconter les chefs d’œuvres de la photographie.
Toute nouvelle aventure !
En 2022, j’ouvre La Toute Petite Galerie à Treffiagat-Léchiagat
Prolongement de mon Atelier, Exposer mes photographies et accueillir d’autres artistes.
À suivre … !
2024 – Pas d’exposition pour la Saison 2024. L’exposition était prête mais j’ai changé d’avis… ! Rendez-vous en 2025….