Un constat
«Le plagiat ou l’influence»… Cela pourrait être le titre d’une fable !
Une question délicate et sensible qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui, aujourd’hui prend une tournure particulière.
Une question éthique profonde qui en accroche d’autres : questions de création, de filiation, de reconnaissance, d’original, d’inspiration, de séparation, de contemporanéité – mais pas seulement-
Une question de droit : le terme légal exact est « contrefaçon », définie selon l’article L. 335-3 du CPI comme « toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi »
Plagiat ou influence : le motif n’est jamais le fond
Les objets appartiennent à tous… la représentation de l’objet, elle, m’appartient. Elle m’appartient seulement si je m’y engage, je peux toujours « récupérer » des motifs, et même des manières d’organiser ces motifs, jamais le fond n’y sera !
La photographie a une âme ! au fin fond du fond ! Le plagiat est donc assez simple à qualifier, car l’auteur du plagiat prend tout en un bloc, il ne peut faire autrement, il prend la forme et le fond. Quant aux objets et aux motifs, disons «similaires», ils se promènent librement, ils alimentent l’essentiel et nécessaire brouhaha des images.
Ce qui fait la différence, toujours : les mises en jeu du photographe, ce qui est engagé de sa personne dans son rapport au monde, à la photographie, et à l’art ; l’authenticité de son rapport à la photographie, sa patience. Et ça, c’est vraiment passionnant.
Filiation et reconnaissance
J’aime les photographes… ils m’ont tout appris de la photographie… sauf ce que j’ai à mener à ma propre place ! Un rapport personnel à la photographie se construit au fil du temps avec des influences… et des questions. Cela est plutôt complexe. Lorsque nous regardons, ce qui fait signe et comment ça fait signe, dans une image est multiple : nous allons chercher du côté historique, culturel, et social, et aussi du côté sensoriel, émotionnel, imaginaire. Nous réagissons aux différents univers, il y a des différences et des correspondances. S’il me semble indispensable de reconnaître ses filiations, pour s’engager dans son rapport et son travail photographique, cela est mis à l’épreuve sur le temps.
Plagiat ou influence : conclusion : si le suiveur est flatteur…
Quel dommage-s- pour le suiveur… ! dommage comme regret, et dommages comme conséquences… car le suiveur se perd et s’il se perd, il ne se trouve pas, et ne trouve pas ses propres images…
Il existe un espace, une espace de grande liberté, un espace qui m’appartient, indispensable à arpenter pour trouver mes propres images.