Le geste photographique

Le geste photographique : sur tous les fronts

Le geste photographique compromet, affecte, agite, entraîne, hasarde, incarne et se fait entendre  à chaque temps de la photographie. Il assigne le contenu de l’image… Il excelle ce contenu dans un contenant. Regarder une photographie, c’est aussi regarder la nature du geste photographique de son auteur…


Le geste photographique enregistre et s’échappe dans les mises en jeu porté par le désir de faire des images. Le geste photographique persiste, il est tenant et existant en amont, en l’instant, et subséquemment…


Le geste photographique escamote les mots. Il les torpille, les dissimule, les étouffe, les soustrait pour venir se reporter dans la forme, qui, belle revanche des mots, produit du sens.  Nous devons rêver la photographie pour la faire.


Le geste photographique met en œuvre, il se mystifie de la particule de réalité dont la photographie ne peut pas faire l’impasse, et de l’objet. Comme de toute évidence, il en produit un éclat supplémentaire, un rassemblement et une aspiration à être.


Le geste photographique apostrophe le renversement de la mort… Il la trouble, l’ajourne, la froisse et l’insulte. Il argumente la vie dans l’objet même, la redouble, la flatte, la courtise et sans ménagement la rappelle au face à face du temps et de l’instant.


Le préparer :

Le geste photographique se prépare. Impossible de faire des photographies, sans – à minima – avoir avec soi un appareil à photographier qui le permet !
Le geste photographique même confus inscrit de l’intention, des suppositions, de l’élaboration qui se précisent dans le choix d’un appareil, d’un format, d’un support -argentique ou numérique-, de l’utilisation d’un trépied, ou non.

Tout est signifiant, cela n’est pas limité, les attitudes sont diverses, la manière d’utiliser son matériel est fondamentalement liée au rapport établi. Avec un trépied, ou à main levée… entraînent un comportement différent… Avoir un appareil  sur soi… (!) en toutes circonstances, se déplacer dans un temps et un lieu choisi… Décider d’un sujet ou laisser venir… Écrire, dessiner, repérer, lire, penser… Le champ est vaste et très personnel ! Faire ses tirages ou les faire réaliser par un autre.


Le conduire :

Nous y sommes… Engager et mener le cadrage, s’admettre dans la réalité, pour mieux la décoller d’elle même, soutenir la mise au point, décider d’un rapport vitesse – diaphragme, regarder, «y fourrer son nez»,  ajuster le cadre, suspendre parfois, et finalement déclencher l’obturateur qui masque ce qui précisément est entrain de se produire, le geste photographique se fait dans un mélange de doubles réalités et «d’imaginaire d’image».

Un état étrange et exaltant souvent, que d’être dans ce discernement de la réalité, d’anticiper dans le déroulement des scènes, de les rêver, de les espérer, de les attendre, ou d’installer «de la réalité». Quelles que soient les modalités, ce qui en sort est une représentation à part entière. Une image est toujours un objet en plus…

À quel point de soi, de la réalité et de son inévitable indicible, et dans quelle constance conduire une image photographique ?  Dans quelle visée, avec quel élan,  avec quelles croyances ? Pour pacifier quelles obsessions ? Pour quelles satisfactions ?  S’il y a un grand trouble à sentir la présence à soi dans chaque photographie, ce trouble n’est-il pas encore plus étonnant voire même effrayant, que de pouvoir regarder «de la réalité», qui, s’en étant échappée, s’impose pour s’éterniser dans un objet ?


Le considérer :

L’ analyse d’images permet de considérer le geste photographique et son «prolongement» : les photographies. Nous allons regarder, démêler, pour dégager les images qui vont engager ce qui fait sens. Nous menons «une investigation» à toutes les étapes, qui nous permet de nous rendre compte dans quels rapports le geste photographique s’élabore et se réalise, et dans quelles nouvelles directions aiguiser ces rapports.
Accrocher sa propre dynamique à faire de la photographie.

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